L'empreinte carbone du numérique : comparable à l'aviation civile
En bref
Le secteur numérique représente entre 3% et 4% des émissions mondiales de gaz à effet de serre, comparable à l'aviation civile. Découvrez les chiffres clés et les enjeux de cette empreinte environnementale croissante.
Une contribution significative aux émissions globales
Le secteur numérique représente aujourd’hui une part non négligeable des émissions mondiales de gaz à effet de serre. Selon les estimations les plus récentes, l’empreinte carbone du numérique se situe entre 3% et 4% des émissions globales1 2 3. Pour mettre cela en perspective, c’est comparable aux émissions de l’aviation civile, estimées à environ 3% du total mondial4.
Une croissance rapide et préoccupante
Ce qui rend l’empreinte du numérique particulièrement alarmante est sa croissance rapide. Les émissions liées au numérique augmentent d’environ 6% à 8% par an2 4, soit bien plus vite que la moyenne des autres secteurs. Cette tendance risque de s’accélérer davantage avec l’essor de l’intelligence artificielle générative, dont les modèles nécessitent une puissance de calcul considérable, ainsi que le déploiement de la 5G qui encourage le renouvellement prématuré des terminaux mobiles pour profiter des nouvelles performances. Sans action concrète et immédiate pour contrer ces effets rebonds technologiques, cette part pourrait atteindre des niveaux critiques dans les années à venir.
Les principales sources d’émissions
L’empreinte carbone du numérique provient de trois sources principales :
- Les équipements des utilisateurs (ordinateurs, smartphones, etc.)
- Les centres de données
- Les réseaux de télécommunication
Parmi ces sources, la fabrication des équipements représente la part la plus importante, soit environ 80% de l’empreinte totale du numérique6, 7. Cela s’explique par l’extraction intensive de ressources et l’utilisation d’énergie nécessaires à la production des appareils électroniques.
Figure 1 : Infographie illustrant la répartition de l’impact environnemental du numérique entre les équipements, les réseaux et les centres de données. Source : ADEME
Impact par type d’équipement
Les ordinateurs de bureau ont l’empreinte carbone la plus élevée, avec 948 kg d’équivalent CO2 sur l’ensemble de leur cycle de vie, suivis de près par les téléviseurs (897 kg)8. Les smartphones, bien que moins émetteurs individuellement (environ 60 kg d’équivalent CO2), ont un impact cumulé considérable en raison de leur nombre et de leur courte durée de vie8.
Au-delà du carbone : une empreinte environnementale plus large
Il est important de noter que l’impact du numérique ne se limite pas aux émissions de gaz à effet de serre. Le secteur a également une empreinte significative en termes de :
- Consommation d’eau : par exemple, les centres de données de Google ont consommé plus de 21 millions de mètres cubes d’eau en 20229
- Production de déchets : 20 millions de tonnes de déchets électroniques sont générés chaque année en France10
- Utilisation de ressources : la fabrication d’un ordinateur de 2 kg nécessite en moyenne 800 kg de matières premières9
Perspectives et défis
Face à cette situation, le secteur numérique doit impérativement réduire son empreinte carbone, mais surtout questionner la pertinence de ses usages. L’objectif fixé est une réduction de 45% des émissions d’ici 2030 par rapport à 2020 au niveau mondial2. Pour y parvenir, plusieurs pistes sont envisagées :
- Évaluation systématique du ratio bénéfice/impact environnemental de chaque nouveau service numérique
- Questionnement de la nécessité réelle des fonctionnalités avant leur développement
- Priorisation des applications à fort impact sociétal positif (santé, éducation, environnement)
- Allongement de la durée de vie des équipements et lutte contre l’obsolescence programmée
- Développement de l’économie circulaire dans le secteur numérique
- Sensibilisation des utilisateurs à un usage plus sobre et réfléchi du numérique
- Adoption de pratiques d’éco-conception web en privilégiant la simplicité et l’efficacité
- Limitation du déploiement des technologies énergivores (e.g. IA) aux cas d’usage essentiels
Conclusion
L’empreinte carbone du numérique est devenue un enjeu majeur dans la lutte contre le changement climatique. Bien que le secteur offre de nombreuses opportunités pour réduire les émissions dans d’autres domaines, il est crucial qu’il maîtrise sa propre croissance et son impact environnemental. Cela nécessitera des efforts concertés de la part des industriels, des gouvernements et des consommateurs pour repenser notre relation avec la technologie et adopter des pratiques plus durables.